Tribulations d'un Français en France

  

    l'espadrille blanche à lacets : un must

"De quoi sont les pieds du fantassin ? Ils sont l’objet de soins constants." Telle est la maxime énoncée dans les vieux manuels de service en campagne. Elle figurait aussi en impression sur chaque mouchoir d'instruction jadis distribué aux soldats des régiments d'infanterie. 

Ce billet, consacré à nos extrémités les plus sollicitées, s'attardera, une fois encore, sans mysoginie aucune, sur le mâle et, sans patriotisme aucun, sur la France. La Gazette est confuse : elle attribue un satisfecit aux maisons françaises, devant leurs cousines anglaises et leurs sœurs italiennes. Elles seules allient le dessin travaillé des méditerranéennes et la solidité esthétique des insulaires. Voilà bien où se niche ce parfait syncrétisme français entre Nord et Sud dont on nous rebat les oreilles. 

Autant, pour les femmes, le pied demeurera un objet d'idolâtrie flirtant avec le fétichisme, même habillé d'une Croc ou d'une Birkkenstocks (c'est dire !), autant, pour les hommes, faut pas vous louper, les gars ! Écoutez les femmes (si, si, écoutez-les !) : elles vous diront toutes que les souliers révèlent l'allure masculine. 

En clair, si vous souhaitez emballer sévère, va falloir se concentrer sur la chaussure et achalander votre placard !

Et si vous ne deviez avoir que trois pièces pour commencer la série de votre nouvelle vie, La Gazette des élégants vous oriente : une paire d'espadrilles blanches à lacets achetée à Saint-Jean-de-Luz, une paire de richelieux noirs à bout fleuri Aubercy, une paire de Moc' couleur "terre battue" Weston. 

Bien entendu, c'est juste pour votre sac 48h d'intervention, en cas d'exfiltration immédiate sous la menace des Soviétiques. Et, là, si vous ne refaîtes pas votre vie à la Jamaïque avec une rombière vous confondant avec James, nous ne pouvons plus rien pour vous. 

Notre conseil :

Un zeste de patriotisme économique dans ce monde de brutes ! "Qui c'est les plus forts, évidemment, c'est les..." Français ! La souveraineté se niche aussi dans le soulier : Weston tu aduleras ! Tes yeux brilleront devant ses lignes racées, ton cœur frémira aux souvenirs émus de ta première paire, ton genou pliera face à l'iconique 180. J.M. Weston est dorée comme un rêve américain, son nom sonne comme un nom de rêve américain… mais ce n'est pas un rêve américain ! C'est bien français, Môssieu !

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