Acceptez de vous faire remonter les bretelles...

"Ceinture et bretelles !", disent ou pensent les plus frileux, dans notre entourage professionnel, quand ils craignent d'affronter le PDG au COMEX ou le chef d'état-major en réunion de crise. Zen, camarades... L'audace est la seule liberté qui vous distingue. Alors, laissez la ceinture au milieu de vos pots à crayons et pénétrez dans l'arène avec gueule et libéré. 

Seules à donner un tombé léger à votre pantalon, les bretelles changeront immédiatement votre silhouette, par là votre assurance ! 

Suspenders... Tout est (mieux) dit, une fois n'est pas coutume, par nos cousins de la perfide Albion. Eh oui, les amis, ces créateurs d'un système astucieux et racé de suspension du pantalon ont encore illustré leur pragmatisme seyant au début du XIXeme siècle. C'est Albert Thurston qui créa les bretelles en 1820. Adoptées rapidement par les élégants français et italiens, ces bandes de soie, aux tons et aux motifs les plus variés, ont alors envahi les garde-robes. 

Vous ne vous y tromperez pas : un pantalon de belle facture portera les six (3x2) boutons permettant de vous épargner la sangle ceignant avec lourdeur votre taille. Ah oui... Je ne l'avais pas précisé... Où avais-je la tête ? Vous n'allez pas acheter le modèle élastique avec les pinces métalliques horribles qui vous rappellera votre photo de classe, en 10ème, avec Mme Bobbia ! C'est cette période qui déclencha en vous leur rejet pathologique, pauvre enfant. La rédaction saura néanmoins tolérer, du bout des yeux, l'ordre des bretelles qui règne en lycée militaire. 

Assurément, les petits boutons de votre pantalon doivent appeler, avec amour, les attaches en cuir ou en coton de la paire pendue dans le vestiaire. L'utile aura alors rejoint l'allure. 

Notre conseil :

Sans coup férir, c'est Albert Thurston qui demeure aujourd'hui le leader de la suspente de pantalon ! Plusieurs boutiques parisiennes assurent la vente de cette production britannique (ex : Wicket). Pour un éventail exhaustif (et un snobisme assumé), vous commanderez votre première paire sur le site de la boutique londonienne, en fredonnant 

"Et merde pour le roi d'Angleterre

Qui nous a déclaré la guerre !" 

S'il n'en faut qu'une, choisissez-la simple et de bon goût : soie blanche, large, attaches de coton blanches. Il s'agit de celles que portait Daniel Craig dans Casino Royale. Excusez du peu. 

revue L'Illustration, numéro spécial pour Noël 1920